De l’auteur au lecteur : les parcours classiques

 

Écrire est un loisir très partagé. Certains cherchent et rencontrent un éditeur. Petit à petit, les talentueux font leur chemin et l’écriture devient une activité importante, parfois à part entière. Une fois connus, leurs nouveautés sont surveillées, voire attendues avec impatience par les lecteurs ou les médias.

 

À côté du rêve partagé par mille auteurs et vécu par un seul, des moyens de publication sont disponibles.

Une forme s’est développée : l’auto-édition. Soit l’auteur réalise tout lui-même, soit il fait appel à des prestataires amicaux ou tarifés : correction du tapuscrit, mise en page, couverture, impression (dont celle à la demande), diffusion et distribution de l’ouvrage. Mes livres papier ont suivi cette voie ; j’ai eu la prudence de limiter les tirages à des quantités modestes en les renouvelant au besoin, ce qui a évité aux placards de s’encombrer de volumes en attente d’acheteurs.

L’auto-édition soumet l’auteur-éditeur aux mêmes obligations que ses grands confrères : prix unique du livre, dépôt légal, commission aux revendeurs, frais d’envoi, promotion, diffusion, etc. Elle présente des risques pour le lecteur : un travail propre lui épargne les fautes d’orthographe à tout-va, il lui procure une présentation nette et une lecture agréable à suivre. Dans le cas contraire, l’acheteur subit une double ou triple peine : bonjour les dégâts !

 

On doit publier ses œuvres posthumes de son vivant.
Ne serait-ce que pour voir l'effet que ça fait !
(Guy Bedos)

 

Le miroir aux alouettes

 

Des solutions se glissent entre la publication par un éditeur qui s’occupe de tout et l’auto-édition.

La plus ancienne, peut-être la plus nocive, est l’édition à compte d’auteur. Des structures sans scrupules s’engagent à imprimer le texte et promettent la popularité en échange de sommes souvent rondelettes, incluant un tirage d’exemplaires que l’auteur recevra en cartons… c’est parfois la seule chose que le malheureux constate, car la diffusion et la distribution restent discrètes, une mention dans le site confidentiel du soi-disant éditeur, et encore !

 

Pour anticiper le coût de fabrication, la souscription est pratiquée. Les sites de cagnottes ou de crowfunding hébergent des appels qui ne sont pas négligeables : l’auteur y trouve satisfaction, car ses lecteurs deviennent des partenaires. Sauf très rares exceptions, la formule est honnête, des éditeurs indépendants l’utilisent même pour trouver des clientèles ciblées.

Pour oublier la fabrication et le stockage : la publication en livre numérique. 29 % des Français déclarent avoir ouvert ce genre d’ouvrages au cours de l’année 2022. Cette solution aux nombreuses contraintes d’ordre technique est exploitée par des hébergeurs qui font miroiter des gains mirifiques avant de verser à la majorité des créateurs des commissions dérisoires… Là encore, les auteurs sont moins bien lotis que les intermédiaires. J’ai moi-même utilisé cette méthode, au bénéfice de l’association La Piterne qui poursuit ses activités : contes, légendes de Normandie et promotion de la nouvelle avec son site lanouve.fr. Mes textes vendus chez 7Switch circulent sur les plateformes francophones du monde entier... même sur des sites pirates qui les ont détournés.

 

Un panier de crabes ?

 

D’un côté l’auteur, plein de bonne volonté et d’espoir de rencontrer ses lecteurs. De l’autre côté le lecteur, plein d’espoir de trouver un « bon » livre. Entre les deux, des intermédiaires pleins d’espoir d’un bon chiffre d’affaires et de gros bénéfices.

Le tableau serait sombre s’il restait aussi caricatural. Par chance, des pépites passent à travers les mailles des filets et d’excellentes publications vous parviennent. Il m’arrive de tenter encore ma chance en présentant une œuvre aux éditeurs classiques, sérieux et qui assument honnêtement leur rôle, mais…

Car il y a des « mais » !

Le premier s’appelle le jeunisme : un candidat de 25 ans offre plus d’avenir qu’un postulant de 65 (et le compteur continue de tourner). Les statistiques parlent, même si des exemples témoignent de brillantes carrières arrêtées en plein vol, par paresse, par envie de brûler la chandelle par les deux bouts, par manque d’inspiration ou par accident de la vie, je songe ainsi à Alain-Fournier.

Les statistiques parlent et rappellent une vérité mathématique : un septuagénaire est plus proche de l’espérance moyenne de vie qu’un trentenaire. Souvenez-vous : les intermédiaires visent les bénéfices, le lectorat est long à se composer, les œuvres restent à écrire, etc., etc. Donc un écrivain senior n’attire pas les éditeurs, sans même juger la qualité de ses écrits.

 

Les jeunes imitent les jeunes ; les vieux n'imitent pas les vieux. (Milan Kundera)

 

L’autre « mais » renvoie au genre dans lequel je me complais : la nouvelle.

Ce type de littérature, exigeant pour les auteurs et estimé à l’étranger, subit l’omerta dans le lectorat français, qui se montrerait réservé à l’égard du format court.

Pourtant de nombreux indices contredisent cette affirmation : les concours fleurissent, les prestations à voix haute permettent une lecture intégrale, des lieux publics sont équipés de bornes d’impression de nouvelles, le format court correspond au temps de lecture dans les transports, à la taille des articles de presse écrite et à la pratique du zapping stimulée par la vie contemporaine.

Pourquoi cette distorsion ? Les médias présentent peu de recueils de nouvelles ; dès lors, les lecteurs les méconnaissent et en réclament peu aux libraires, qui en parlent et vendent peu : toujours l’histoire des bénéfices pour les intermédiaires. Les éditeurs en impriment donc moins et découragent les auteurs qui s’en détournent. Exception culturelle française !

 

Gagnant-gagnant

 

Difficile de faire son trou, quand on est un vieil auteur dans un genre intime. De quoi se tirer une balle dans la partie de l’individu la plus mobilisée par l’écriture : la cervelle. Vous avez raison, mais n'oubliez pas deux données du problème :

1 - je suis du genre à ne pas faire comme tout le monde

2 - je n’ai aucune tendance suicidaire.

Dès lors, je me suis mis en quête d’un moyen qui réunit tout à la fois l’écriture par plaisir, le soin des textes et le respect des lecteurs en quête d’écrits originaux.

Un tour d’horizon des initiatives m’a ouvert les yeux : les boîtes à lire par ci et les applications de dons par là, comme déjà évoqué à propos des éditions en souscription. Eh bien, mettons ces deux ingrédients dans le même saladier.

 

Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. (Michel Audiard)

 

Écrire, je prétends savoir le faire. Pour mettre en page, mes dix doigts tapent sur le clavier, les gabarits une fois définis sont renouvelables, le travail numérique des photos est un plaisir.

Les objectifs sont clairs : réduire les intermédiaires entre moi auteur et vous lecteurs, vous faire profiter de ma bonne volonté et rester dans la légalité. Sur ce dernier point, la solution tient en deux mots : aucune vente. Ce qui implique : pas de tarif annoncé, ni encaissement préalable à l’échange, etc. Bien sûr : pas de chiffre d’affaires, ni de bénéfices pour ma pomme, ni taxes à reverser, ni comptabilité.

Donc, conséquence logique qui surprend : vous êtes bénéficiaires et moi perdant !

 

La balance, du moins la Roberval (qui, comme tout le monde le sait, a été inventée par Personne – Gilles Personne), comporte deux plateaux ; regardons de l’autre côté de l’aiguille centrale.

Si on vous offre quelque chose, vous le prenez et vous le gardez ou vous le balancez : voyez le nombre d’exemplaires du prix Goncourt à la revente au lendemain des cadeaux de fin d’année !

Si quelqu’un vous sollicite pour un pourboire en échange du cadeau, comme dans les kermesses ou les manifestations de soutien à une cause, et si la demande est formulée avec le sourire d’un chérubin ou d’une vénus, vous avez du mal à refuser… je vous ressemble.

 

De la parole aux actes

 

Après tous ces grands principes, il est temps de venir à l’arrangement mis en place :

Vous voyez la confiance que j’ai en vous, puisque je fais le premier pas en publiant, sans savoir si vous allez apprécier. Je vois surtout la dimension sociale de mon geste, car j’ignore si vous roulez sur l’or ou si votre fin de mois commence le 5. Ça ne me regarde pas, téléchargez et lisez.

Ensuite à vous de vous impliquer : savourez, critiquez, récompensez et remerciez à votre guise.

 

Deux manières pour montrer que vous existez :

Sources et style

 

Les paysans normands disaient : on n’achète pas un cat dans une pouque. Autrement dit, on n’achète pas à l’aveugle. En ce qui vous concerne, vous avez tout loisir de piocher parmi mes nouvelles (et même toutes si vous êtes friand). Mais autant vous dire quelles sauces vous attendent.

Mes sources sont au nombre de trois :

  • les contes et légendes, en priorité ceux de ma Normandie natale, racontés en leur donnant une dimension actuelle, car l’amour, la séparation, le deuil sont intemporels, voire éternels

  • le monde contemporain avec ses travers, comme se plaisait à croquer le maître de la nouvelle : Guy de Maupassant

  • les faits historiques narrés avec distance et recul amusé, comme un autre normand : Jean Teulé.

Chez moi, les morts ont achevé une vie remarquable, les fantômes dérangent les vivants, les frayeurs viennent des apparences mal digérées, les individus crédules ou imbus de leur personne divertissent. Si vous aimez sourire de vos voisins ou de vous-même, vous attendrir sur les larmes sincères, vous émouvoir d’une aventure incroyable : puisez dans mes nouvelles, vous y trouverez votre bonheur.

 

Mon style va du classique à la façon du maître vénéré, au railleur à la manière de notre contemporain Manchot. Parfois les héros se racontent eux-mêmes ; parfois, les témoins se montrent émus, incrédules ou goguenards ; ailleurs, le narrateur expose avec un air distant ou complice.

J’ai imaginé quelques visages récurrents, des figures typées, à l’image de Guignol, Bécassine ou les Pieds nickelés… souvenons-nous de nos lectures d’enfance.

Le ton est plutôt à la plaisanterie, tel Alphonse Allais, allant jusqu’à l’ironie, à l'instar d'Octave Mirbeau. Vous évitez les mauvais convives qui plombent l’atmosphère, pourquoi lire des histoires à frémir, des meurtres en série ou des horreurs à faire dresser les poils ? De mon côté, j’essaie de voir le bon-côté des choses, autant autour d’une table qu’à mon bureau. Quand l’aventure est affligeante, je ne m’en amuse pas ; si elle me paraît croquignolesque, je le conte de la même façon.

 

L'écrivain doit être lui-même. (Jean Yanne)

 

Sur le site, une cinquantaine d’œuvres vous attendent, huit fois plus habitent mon ordinateur et d’autres les rejoignent au gré de la plume. Toutes ne sont pas appelées à être exhibées dans le site qui se veut un lieu de rendez-vous entre vous et moi.

Pour nos futures rencontres, les nouvelles se renouvellent, les dernières installées sont signalées dès la page d’accueil.

Venez quand bon vous semble, invitez vos connaissances à regarder, que tout ce joli monde puise... et pense à moi. Bonne lecture et comme on dit : à la revoyure.

 

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